Forteresse royale de Chinon - Crédit : Léonard de Serres
Forteresse royale de Chinon - Crédit : Léonard de Serres

Le parc paysager

Le parc paysager d’aujourd’hui est bien loin de ressembler à la Forteresse de Charles VII. Au Moyen Âge, il faut imaginer un espace densément construit où bâtiments et cours intérieures dominent.

Les logis royaux offraient une configuration bien différente de celle d’aujourd’hui : ils comportaient trois ailes disposées en U (contre seulement une aujourd’hui). Le plus petit côté du U barrait l'accès au Fort du Coudray et il était perpendiculaire au pont, avec sans doute une porte cochère dans son axe. Une autre aile existait également en face des logis royaux actuels. Elle abritait un jeu de paume couvert, ancêtre du court de tennis. Ce sport était très prisé par la noblesse à la fin du Moyen Âge.

En dehors des bâtiments défensifs et résidentiels, le site abritait également un prieuré et deux chapelles royales, l’une dédiée à Saint-Martin sur le fort du Coudray, et l’autre à Saint-Melaine au niveau des logis royaux.

A partir de la 2ème moitié du 18e siècle, le parc et la Forteresse sont en état complet d’abandon, l’esplanade est entièrement dénudée et l’administration des domaines la loue à des particuliers comme terrains de culture. Au 19e siècle, les parcs de promenade qui associent ruines romantiques et essences exotiques sont à la mode. En 1824, le sous-préfet de Chinon fait dégager la cour de la Forteresse et aménager «une belle promenade permettant d’apprécier les ruines», agrémentée d’une pépinière de plusieurs centaines de mûriers. Il fait également planter diverses essences qu’il a découvert au cours de ses voyages.

Le parc de la Forteresse de Chinon abrite un vénérable Sophora japonica (Styphnolobium japonicum). L’association A.R.B.R.E.S lui a attribué le label Arbre remarquable de France le 13 février 2023.

Malgré son nom, cet arbre est originaire de Chine ou de Corée, où il est appelé Arbre aux pagodes car il est fréquemment situé à proximité des temples.

On doit son introduction en France au père d’Incarville, prêtre missionnaire en Chine au 18e siècle. En 1747, celui-ci envoie à son ami Bernard de Jussieu, botaniste du roi Louis XV, des graines d’un arbre inconnu. Le botaniste suédois Linné (à l’origine de la nomenclature des espèces en latin) lui attribue (à tort) une origine japonaise en 1753. En 1774, c’est le premier arbre que la reine Marie-Antoinette fait planter au Petit Trianon dans le cadre de l’aménagement de son nouveau jardin anglo-chinois. En 1779, la première floraison sur le sol français permettra à Claude Richard (autre botaniste du roi) de l’identifier et de le baptiser Sophora de la Chine (Sophora Sinistra). A partir de 1850, les Sophora japonica sont couramment plantés en France pour agrémenter les promenades des centres villes.

Le Sophora japonica de la Forteresse a probablement été planté dans le parc autour de 1824, lorsque le sous-préfet Duverney y réalise des travaux pour aménager un jardin anglais et une pépinière de mûriers blancs. Ce Sophora est un arbre de première importance pour la biodiversité car sa floraison intervient à la fin de l’été, dans une période creuse pour les insectes butineurs.